🏔️ Wildstrubel : Une aventure hors norme, sauvage et inoubliable !
Nathalie raconte...
Pour l’organisation, la Wildstrubel by UTMB, c’est « Un voyage unique à travers les Alpes suisses pour une aventure 100% wild […] L’éclat suisse dans toute son authenticité et sans compromis » Hummm… En ultra-trailer décrypté, ça promet donc d’être beau mais pas vraiment chocolat !
Pour moi, c’est le « bouquet final » de ma saison sportive, 9 mois d’entraînement, entre plans minutieux (merci les coaches !) et courses de prépa finement choisies (merci Luis !).
Profil de course : impressionnant sur le papier. Faire le tour d’un gros caillou appelé Wildstrubel, en passant par 5 grosses montées, point culminant à 2788 m, autant de descentes dans les vallées du Bernois et du Valais. Mais après quelques repérages et une acclimatation à l’altitude, il est temps de s’aligner au départ. GO !
Le jour J : Crans Montana - Départ vendredi 26/09 à 22h20
Luis et moi arrivons au départ. Les 1047 coureurs sont là (dont 109 féminines ...). Rock à fond pour les chauffer, Ludo Collet en speaker pour l’ambiance UTMB et sonneurs de cloches pour le folklore. Je m’approche tout près de la ligne départ pour voir partir les élites et tenter d’apercevoir Claire Bannwarth (alias Lapin Duracell), en vain. 22 h : Feux de bengale, c’est parti à fond !
Nous entrons dans notre sas, vague 3. Ne pas se laisser impressionner par tous les coureurs trépidants, musclés et tatoués qui m’entourent… Suis un peu stressée par l’inconnu et l’effort à venir, mais confiante, préparée et équipée pour affronter la montagne ! 22h20 : Bang, on part dans la nuit…
Première montée – Première descente – Premier gadin
Sans transition, on est vite dans la pente, vite raide. Passage du premier sommet… longue descente ensuite, pas trop technique, je déroule, tout va bien. Mais Bing au 20ème km… un gros gadin qui fait mal et me sonne… « ça va ? ça va, pas grave » … mais quand même un mollet douloureux et la main qui gonfle, pourvu que ça ne m’empêche pas de bâtonner pour la suite (enseignement n°1 : ne pas relâcher l’attention). Je rejoins Luis qui m’attend plus bas mais n’a rien vu ; je ne dis rien, on avance. Arrivée à Leukerbad à 2h, première barrière horaire, avec 40 min d’avance. Luis me rassure : « nous sommes dans les temps ».
Deuxième montée - Col de la Gemmi – Impressions nocturnes
1000 D+ sur 4,6 km. À chaque fois que je lève la tête : un long défilé de frontales dans la nuit, qui montent dans un silence religieux… Bref ça grimpe, je respire et garde le rythme. Redescente plus technique cette fois. J’avance prudemment et moins vite qu’imaginé : écho d’un torrent en contrebas, cordes, cailloux bien gras, on pressent dans la nuit noire le ravin tout près, tout près… 16 km plus bas, voilà Kandersteg encore endormie, on longe les voies ferrées, arrivée à 6h16.
Troisième montée - Le jour se lève – Heïdi en route vers Adelboden, base vie
Rassembler nos forces au matin pour gravir cette montagne. Lever du jour en forêt, puis alpages et rocheuses. À mi-pente, point d’eau et encouragement d’un sympathique montagnard : « Allez, le plus dur est à venir ! » Le plus beau aussi… Passé le sommet (minéral à souhait), on pique vers Adelboden, l’Oberland bernois. Rester focus sur le sentier, admirer aussi la verte vallée, vaches et chalets suisses impeccables, une vraie carte postale. Heïdi c’est moi ! Le soleil commence à chauffer, on arrive enfin à Adelboden à 10h27. En gros mi-parcours… même si « Faut pas raisonner comme ça » me rappelle Luis (oui, je sais, rien de tout ça n’est linéaire).
Sacs de délestage et petite récupération. Il faut s’alimenter et se recharger pour la deuxième partie de course. J’ai sous-consommé, pas franchement suivi mon plan d’alimentation, longuement travaillé pourtant. Moment de bazar dans ma tête, partagée entre envie de s’alléger et la sécurité… (enseignement n°2 : privilégier ce qu’on est sûr de pouvoir avaler). Petit rafraîchissement, petit bol de pâtes et c’est reparti !
Quatrième montée(s) – La plus facile, mon œil ! – Deuxième gadin
Sur le papier, l’étape semble cool (enseignement n°3 : c’est pas pareil sur le terrain). Il fait très chaud, pas loin des 30°, et la trace va « dré dans l’pentu » en plein cagnard. Des coureurs en PLS sur le chemin. On s’asperge la tête au ruisseau à chaque fois qu’on croise un abreuvoir, on s’accroche aux bâtons, avec l’étrange sensation de croiser des familles qui descendent gentiment et des bruits d’enfants qui jouent… téléphérique et parc d’activités au sommet (deux mondes se croisent !).
5 km de descente bien pentue vers Lenk. Luis devant, rythme régulier malgré la chaleur, ça trotte bien et… ça plane pour moi, glissade dans les cailloux. Le coureur derrière moi me signale que j’ai le coude en sang… Arrivée à Lenk à 15h04, 78ème km. 3 h d’avance sur la BH, on est large, on a du temps alors je file aux secours pour soigner mon coude avant d’attaquer le final. S’hydrater surtout. L’orga a prévenu : peu d’eau au sommet, il faut prendre des réserves avant.
Cinquième montée – La fameuse cabane Wildstrubel (2788 m) – Coucher de soleil
On repart au calme dans la vallée pour éviter la déshydratation et récupérer un peu. Passage rafraîchissant en forêt, cascade (je rêve de mes pieds dans l’eau glacée). Ravito et changement de décor : on attaque LA montée à la cabane (D+ 1200 m sur 5 km). Le soleil se couche sur les chaînes de montagne, le spectacle se fait minéral et sauvage. Les coureurs s’encouragent. Ne pas s’arrêter, pour ne pas casser l’élan… Mais c’est quand la cabane ?...
Petit replat, on découvre au loin les fourmis qui grimpent dans la pierre grise. C’est sûr, on n’arrivera pas avant la nuit. On enfile polaire et frontale, le froid tombe et le vent s’est levé. Encore 600 m, mais quel mur ! Je cramponne pour ne pas vaciller en arrière… 20h13 : 92ème km, enfin le sommet et le ravito, battu par le vent glacé (merci les bénévoles !). Juste le temps d’avaler une soupe en grelottant, je mets mes gants et on redescend.
La descente - Col du Rawil et barrage de Tseuzier – La teuf au ravito
Délicate première partie, pentue, technique. On se fait doubler par quelques coureurs plus agiles que nous (enseignement n°4 : peut s’améliorer dans les descentes caillouteuses). Pause obligée pour changer les batteries des frontales et c’est reparti pour une longue descente de 10 km vers le lac Tseuzier. Des eaux noires en vue, un barnum éclairé sur le barrage. Boum boum dans la nuit, c’est la teuf, les jeunes bénévoles survoltés ambiancent le dernier ravito. Ultime pause. On recharge une dernière fois les flasques, dernier gel aussi, j’écoute mon estomac qui sature et préfère dire non aux fruits qui trainent... Reste une dizaine de km à avaler !
Le Bisse du Ro, seuls au monde - Crans Montana, arrivée dimanche 28/09 à 1h33
Le peloton, plus qu’éparpillé, est un lointain souvenir. Quasi seuls, on longe le bisse du Ro, canal d’irrigation emblématique du Valais, étroit sentier à flanc de montagne, passerelles au-dessus du vide… Luis a mal à un genou et moi, pour avoir fait la rando de jour, je trouve le chemin pas vraiment sécurisé pour un trail de nuit, faut vraiment pas trébucher ! On passe tacitement en marche rapide.
Sur les hauteurs de Crans Montana, on se remet à biencourir. Revoilà le bitume, la promenade des lacs dans la ville endormie. Quelques spectateurs noctambules, quelques bravos feutrés. On franchit la ligne d’arrivée sous la lune dans le silence de la nuit… Médaille au cou, grands sourires pour cette breloque, témoin de l’effort accompli, qui n’a de valeur que pour nous, finishers heureux d’une belle aventure partagée !
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